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Le bonnet, star de la Renaissance
Nombreuses sont les œuvres de la Renaissance, et en particulier celles du Quattrocento, qui figurent un bonnet. Il s’agit souvent de portraits d’hommes, avec de précieux détails apportés à l’habillement. Il faut dire qu’à cette époque, le costume représenté indiquait une fonction particulière ou l’appartenance à un milieu social. La richesse du vêtement et des accessoires, proclamait un statut particulier, dans la vie comme dans l’art. Des artistes comme Rembrandt, Van der Weyden ou Bellini ont ainsi régulièrement peint des bonnets dans leurs œuvres, voire dans leurs autoportraits. Dans le tableau " Portrait de l’homme au bonnet rouge " du peintre flamand Hans Memling, on retrouve un bonnet typique du XVe siècle, conique et relativement haut. Son rouge intense témoigne du goût pour la couleur de l’époque, synonyme d’élégance et de noblesse. Les bonnets pouvaient aussi être en fourrure ou en dentelle pour les femmes et les enfants.
Peindre le bonnet à travers une époque
Par sa forme ou sa matière, s’il est porté par un homme ou par une femme, le bonnet en dit long sur l’époque d’une peinture. Parfois, il permet même aux spécialistes de déterminer la date de sa réalisation. C’est ce qui s’est passé pour le " Portrait de l’homme au bonnet rouge ". La forme haute du bonnet (qui était à la mode en 1465 mais plus du tout en 1475) a permis d’estimer que le tableau date du début des années 1470.
Le bonnet permet aussi aux peintres de raconter une époque, contemporaine ou antérieure, de manière réaliste ou au contraire plus rhétorique. On retrouve par exemple de nombreuses gravures du XIXe siècle qui représentent des scènes de vie autour du bonnet d’âne. Imposé imposé aux écoliers indisciplinés et à ceux qui obtiennent de mauvais résultats, le bonnet d’âne est un accessoire emblématique des salles de classe jusqu’au début du XXe siècle.
Dans un autre registre, le fameux tableau " La liberté guidant le peuple " d'Eugène Delacroix (1830) est un singulier mélange de réalisme et de propagande. La liberté s’y trouve personnifiée sous l’apparence d’une femme du peuple coiffée du célèbre bonnet phrygien (adopté par les révolutionnaires depuis 1789 et devenu le symbole de la Révolution française). Plus qu’un simple accessoire, le bonnet devient ainsi un élément clé de l’iconographie du tableau, faisant référence à la notion de liberté associée au bonnet rouge dans la Grèce Antique.
Quand le bonnet prend une dimension symbolique
Longtemps signe d’une condition sociale, le bonnet peut aussi être chargé de significations symboliques ou purement allégoriques en peinture. Dans sa digigraphie intitulée " Mon bonnet Rose ", l’artiste Jef Aérosol sublime ainsi une femme portant un bonnet rose. Par sa couleur, il s’agit avant tout d’un symbole de son engagement en faveur de la lutte contre le cancer du sein puisque l’œuvre a été produite en lien avec l'association "Mon bonnet rose".
Dans un tout autre esprit, la trilogie " Travailleur au bonnet noir " de l’artiste contemporain Timothy Archer exprime de façon haute en couleurs la rudesse du travail à travers un bonnet noir, qui protège autant qu’il magnifie ces portraits sombres à la dimension presque fantastique.
Le bonnet, l'accessoire qui fait la différence
Désormais, le bonnet fait partie intégrante de nos accessoires de l’hiver, si bien que certains peintres en font l’objet principal de leurs œuvres. C’est le cas de Ayako David Kawauchi, artiste japonais, qui a tout simplement intitulé l’une de ses toiles " Le bonnet " en 2020. On y voit un jeune garçon qui porte un bonnet rouge (assorti à sa chemine) cachant ses yeux, comme pour laisser le bonnet capter notre regard. Au début du XXe siècle, Odile Redon avait elle aussi placé le bonnet au centre du pastel " Portrait de jeune femme au bonnet bleu ". Le bleu klein éclatant de son bonnet n’avait rien à envier aux coloris Blanc Bonnet que nous portons avec plaisir aujourd’hui !
